Laurent Guillo. Archives seiziémistes de François Lesure : inventaire et transcription partielle.

François Lesure (1923 – 2001) a eu des carrières scientifiques et professionnelles particulièrement bien remplies. Ses formations diversifiées à la Sorbonne, à l’École Pratique des Hautes Études, à l’École des Chartes et au Conservatoire supérieur de Paris lui ont permis de mener simultanément une carrière de conservateur à la Bibliothèque nationale, de professeur à l’Université libre de Bruxelles, et de directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, tout en siégeant activement dans de multiples organismes, commissions et associations et en dirigeant des revues, des œuvres complètes, des collections et des travaux.

Ces activités multiples, jointes à une curiosité scientifique à la fois large et critique, ont suscité une production scientifique étendue (1948 – 2002) et très abondante, riche d’environ 250 numéros – en comptant les préfaces et les collaborations. Comme chez la plupart des chercheurs, sa curiosité était inégalement répartie dans le temps. Il a beaucoup travaillé sur la Renaissance française – une période que nous délimiterons pour lui de la fin du XVe siècle aux années 1640, symboliquement close avec les morts de Marin Mersenne et de Pierre Trichet. Les périodes baroque et classique ont moins retenu son attention – sans l’empêcher, toutefois, d’écrire sur Chambonnières, Corrette, Marais, Mozart, Haydn, Boccherini ou Viotti… – alors que les XIXe et le XXe siècles l’on particulièrement attiré, avec de nombreux travaux consa- crés à Cherubini, Falla, Varèse, Ravel, Stravinsky, Boulez, Berlioz et surtout Debussy, pour ne citer que les noms les plus importants.

Le profil chronologique de sa production étant maintenant posé, celle-ci peut encore être éclairée avec deux points de vue complémentaires, au-delà de la curiosité qu’il pouvait ressentir pour tel musicien ou telle œuvre. Tout d’abord, un intérêt fondamental pour le livre (et plus généralement pour les sources musicales) a structuré sa carrière, et ceci à toutes les époques. Des bibliographies d’imprimeurs-libraires, un ambitieux dictionnaire des éditeurs de musique français élaboré avec Anik Devriès, des bibliographies par genre, des catalogues collectifs, autant d’ouvrages qui traitent de l’édition musicale et des fonds musicaux sous toutes leurs formes. Sa formation d’archiviste paléographe l’avait sans doute sensibilisé à ces matières, mais il reste, encore maintenant, un de ceux qui ont le plus fait avancer la connaissance du patrimoine musical imprimé français. Il a également su donner une impulsion sensible, en collaboration notamment avec les Éditions Minkoff, à la réédition en fac-similé de nombreuses sources imprimées ou manuscrites anciennes.
 
Enfin – et ceci relève plus de la méthode de travail que du domaine étudié – François Lesure a eu un goût immodéré de la compilation, cette « mosaïque de la connaissance» qui consiste à accumuler et disposer patiemment de petits éléments d’information jusqu’à pouvoir distinguer le dessin qui en résulte. Des actes d’archive aux descriptions des sources, en passant par les références bibliographiques, les corres- pondances et les fiches catalographiques, il a compulsé, dépouillé, amassé et mis en ordre une quantité considérable de matériaux, publiés ou non, dont il a pu ensuite faire la synthèse. Son Dictionnaire musical des villes de province (1999) est le dernier témoignage de cette démarche, poursuivie sa vie durant.

Les archives debussistes de François Lesure ont été déposées vers 2002 ou 2003 au Centre de documentation Claude Debussy, fondé en 1972, et ont été récemment reversées et devenues propriété de la Bibliothèque nationale. Celles de ses archives scientifiques qui concernent  les  périodes  antérieures  (notamment  la  Renaissance) et d’autres domaines de recherche plus tardifs ont été graduellement déposées à la Bibliothèque nationale de France (Département de la Musique) par Anik Lesure, où elles forment maintenant la série VM FONDS 3 LES.

De cette série, la présente publication se propose de donner un inventaire, limité pour l’instant aux travaux allant du XVe siècle à Mersenne et Trichet. Il s’agit essentiellement de notes de travail, de brouillons, de tapuscrits et d’épreuves corrigées, tant de ses deux thèses (1948 et 1950) que de ses nombreuses publications. S’y ajoutent des tirés-à-part, des correspondances scientifiques, des brochures éparses et quelques fichiers, ainsi que des notes à lui communiquées par André Pirro.
 
Parmi toutes ces archives, les boites cotées 1 et 2 constituent le « Fichier Lesure », un ensemble d’environ 2800 fiches cartonnées qui regroupe des analyses d’actes ordonnées par ordre chronologique, des listes de sources, des incipits poétiques et surtout des fiches prosopographiques sur les compositeurs, chantres, facteurs et instrumen- tistes ou ménétriers de la Renaissance française, tant à Paris qu’en province. Si les musiciens du XVe siècle ne sont presque pas concernés, ceux du XVIIe siècle sont quant à eux largement pris en compte, jusqu’au milieu du siècle.

Deux de ces fichiers (prosopographique et chronologique) ont fait l’objet d’une transcription intégrale à la suite de cet inventaire et méritent quelques éclaircissements. Ils ont été entrepris à la charnière des années 1940 et 1950, à l’époque où François Lesure procédait aux dépouillements d’archives et à la recherche des sources bibliographiques qui allaient lui donner la matière de ses deux thèses. Ces fichiers ont été enrichis durant de longues années et l’on y trouve encore quelques mentions datant des années 1980.
 

La moisson de ces références est considérable mais, comme on peut s’y attendre, la musicologie historique a continûment progressé depuis les années 1950, de sorte que ce matériau n’offre plus le même intérêt qu’à l’époque de sa création, notamment en ce qui concerne des musiciens qui ont fait depuis l’objet de thèses et de travaux, tels Jacob Arcadelt, Hottinet Barra, Pierre Cléreau, Guillaume Costeley ou Jean Conseil…

En revanche, pour les musiciens de deuxième ou de troisième rang, ce fichier regorge d’informations qui pour beaucoup n’ont jamais été exploitées ni publiées. C’est cette richesse qui nous a incité à en publier intégralement le contenu, parce qu’il y a encore matière ici à des synthèses à venir. On peut rappeler que les travaux prosopographiques récents sur les musiciens royaux (Brooks 2000, Cazaux 2002, Gétreau 2007, Handy 2008…) ont beaucoup plus exploité les rôles de la Maison du roi et les comptes royaux que les documents du Minutier central, de sorte qu’il y a encore là de nombreuses pépites à trouver.
 
Ce fichier reste donc actuellement une source précieuse sur les nombreux acteurs de la musique française de la Renaissance, et nous sommes heureux d’avoir pu entreprendre sa transcription, de même que l’inventaire qui la précède, pour le porter largement à la connaissance de la communauté des musicologues et des seiziémistes.
 

Date de parution: 
06/2017
Editeur(s): 
IReMus
nombre de pages: 
179

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