Claude Labrèche de Carpentras : un facteur savoisien en terre pontificale.
On peut distinguer trois grandes périodes sensiblement égales dans la vie de Claude Labrèche (1642-1711) : jeunesse et formation savoyarde (Aix-les-Bains), période pour laquelle fort peu de documents ont pu être exhumés, âge adulte en Haute-Provence (Riez), maturité dans l’état pontifical du comtat Venaissin (Carpentras). C’est une vie bien remplie tant sur le plan professionnel que sur le plan familial. En témoignent d’importants « prix-faits » exploitant ses compétences comme maître menuisier, sculpteur et ébéniste, suivis de nombreux et fructueux placements de ses gains, des contrats d’apprentissage en vue de transmettre son art, son activité à la tête de bandes de violons ainsi que l’enseignement de son instrument, trois mariages successifs, huit enfants et la transmission de ses savoir-faire à son fils aîné. Bref, un homme richement doué dont la parfaite et intelligente maîtrise à la fois comme artisan et comme musicien se retrouve dans la facture remarquable du clavecin signé par lui en 1699 à Carpentras.
L’existence d’un clavecin de Claude Labrèche, Carpentras, 1699, demeurait confidentielle. Classé récemment monument historique, il a pu bénéficier, grâce à l’obligeance de sa propriétaire, d’une étude approfondie dont sont ici présentées les traits saillants. Le clavecin de Claude Labrèche s’avère exceptionnel par la parfaite conservation, sans intervention ultérieure, de tous ses éléments majeurs d’origine en quasi état de fonctionnement, ainsi que par son conception et sa construction, qui échappent aux ‘écoles’ définies par commodité. L’origine savoisienne du facteur, son installation à Carpentras, terre pontificale, pourraient expliquer cette originalité, qui témoigne d’une haute tradition de facture. Le clavecin de Claude Labrèche incite ainsi à dépasser la notion d’écoles figées, au profit d’une conception élargie de courants européens se cristallisant en fonction des circonstances musicales ou politiques. La comparaison du clavecin et de son décor avec un instrument conservé au Württermbergisches Landesmuseum de Stuttgart a permis d’attribuer ce dernier, considéré jusqu’ici comme germanique, au facteur de Carpentras.
En complément de l’étude de Michel Fousard sur le clavecin de Carpentras, cet article décrit la facture et la decoration d’un instrument non signé et non daté, qui peut être attribué à Claude Labrèche. Des caractéristiques de construction singulières et les modifications anciennes sont examinées, y compris les « repentirs » du facteurs par rapport à ses premières esquisses. En 1905, les établissements Pleyel Wolff et Cie ont considérablement modifié le barrage de la table d’harmonie. La restauration effectuée en 1981 par l’auteur tente de retourner à un état historique. Ch. Nobbs émet l’hypothèse selon laquelle ce clavecin anonyme est le plus ancien des deux instruments qui subsistent de Labrèche.
Vincent Robin, À propos d’un portrait inédit de musettiste : essai d’identification d’une variante de musette à deux chalumeaux.
Un portrait découvert en 1999 met en scène un homme jouant d’une musette à deux chalumeaux d’un modèle inhabituel. Il est montré, dans un premier temps, comment ce document permet d’authentifier trois musettes possédant le même trait de facture déterminant. En retour, c’est grâce à l’un de ces instruments dont l’historique nous est connu, qu’il est possible d’avancer une hypothèse sur l’identité du musicien représenté. Dans un deuxième temps, une étude comparée des trois musettes montre qu’elles proviennent d’un même atelier. Leur confrontation avec plusieurs sources majeures permet de situer leur période de facture entre 1690 et 1740. L’observation de plusieurs détails frappants fait converger l’ensemble des indices recueillis vers un membre de la famille Hotteterre, célèbre lignée de musiciens et facteurs d’instruments à vent aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Florence Gétreau, Tambours-bourdons en France au XVIIIe siècle.
La dénomination « tambours-bourdons » permet de regrouper des instruments membranophones et idiophones ayant en commun d’être joués par un même musicien en association avec une flûte. Présents dans l’iconographie dès les débuts de la Renaissance dans plusieurs pays d’Europe, ils connaissent un développement français régional au xvii e siècle. Sous la Régence, le tambourin de Provence commence une carrière à l’Opéra et atteint son apogée avec Rameau. Il entraînera à sa suite le tambourin à cordes. Fréquemment utilisés dans les bals parisiens du XVIIIe siècle, ils retrouveront à la fin du siècle un usage plus populaire et provincial.
Joël Dugot, Sonorités inouïes : la nouvelle harpe de Messieurs Krumpholtz et Naderman.
Le harpiste et compositeur Jean Baptiste Krumpholtz (1747- 1790) est à l’origine d’un important développement de la harpe dite à crochets. Vers 1785, il conçut un système original de sourdine et ajouta à la caisse de résonance de l’instrument un ensemble de volets dont l’ouverture, commandée par une pédale supplémentaire, changeait sensiblement le timbre de l’instrument. C’est Jean-Henri Naderman (1734-1799), un des principaux facteurs de harpe parisiens, qui fut chargé de réaliser les nouveaux instruments. Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), écrivain et auteur dramatique, donna un compte-rendu circonstancié de ces inventions. A ce jour, six harpes de ce modèle particulier ont été localisées. Tous ces instruments sont d’une facture particulièrement soignée, notamment en ce qui concerne les décors sculptés qui, bien que tous différents, sont à mettre en rapport avec un recueil d’ornements intitulé Livre des Trophées d’Amour et de Musique dessiné et publié à Paris vers 1780 par l’architecte Jean-Charles Delafosse (1734-1789). Une caractéristique exceptionnelle de ces harpes mérite d’être signalée : toutes les peintures de table d’harmonie sont identiques et à l’évidence réalisées par le même peintre.
Maria Rose van Epenhuysen, Beethoven and his ‘French Piano’ : Proof of Purchase.
Les livres de vente de 1803 des frères Erard montrent que Beethoven acheta l’un de leurs pianos et jetent un nouvel éclairage sur l’intérêt du compositeur pour cet instrument et pour la musique française. Cet article expose les raisons pour lesquelles ce piano Erad fut présenté comme un cadeau pour le compositeur et explique les circonstances qui ont mené à son acuisition, puis à son rapide abandon. L’intérêt de Beethoven pour les pianos Erard est analysé à travers ses relations avec Haydn (qui possédait un piano semblable) et avec d’autres pianistes virtuoses venant de Paris, et son voyage dans la capitale. Sa sonate Waldstein op. 53, notamment dans le développement du premier mouvement et l’utilisation de la pédale au troisième, peut voir été inspirée par la sonate op. 8 n°2 de Louis Adam.
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