Henri Irénée Marrou-Davenson et la musique

Comme le rapporte Charles Pietri (1932-1991) en 1978, « H. Marrou déclarait volontiers à ses étudiants qu’il portait en lui deux hommes distincts, celui qui composait des livres et des mémoires savants, publiés sous le nom de l’état civil, et Henri Davenson d’autre part, qui écrivait pour Esprit (et d’autres revues politiques ou littéraires) et qui siégeait à l’Académie Charles Cros. »
À plus de quatre décennies de distance, lorsque l’on dresse le bilan historiographique des études et travaux consacrés à H. Marrou-Davenson, force est de constater que, si l’œuvre et la pensée de « Marrou » sont toujours inscrites dans la mémoire et la conscience collective, celles de « Davenson » semblent encore ignorées du grand public et des spécialistes.

Dans ce numéro hors-série des Cahiers Marrou, Fabien Guilloux retrace l’activité et la production musicographiques de Marrou-Davenson dont la double signature ne doit pas faire illusion mais, au contraire, témoigne de la forte cohésion d’une pensée exigeante au service d’une idée singulière de la culture et de la civilisation. Christophe Vendries, dresse ensuite un bilan critique d’une partie de cette production, celle consacrée à la musique de l’Antiquité, dont il souligne l’originalité et étudie la réception jusqu’à nos jours. Une série de trois contributions est ensuite consacrée au Livre des chansons (1944) qui, après De la connaissance historique (1954) et l’Histoire de l’éducation dans l’Antiquité (1948), a fait l’objet d’une fortune éditoriale assez inattendue. Yannick Simon, Christophe Corbier et Philippe Gumplowicz s’emparent ainsi tour à tour de l’ouvrage et le mettent en perspective avec le contexte français de l’Occupation. Plus particulièrement, ils évaluent la position de ce Livre dans les débats esthétiques sur la chanson pensée comme marqueur d’une culture et d’une civilisation et rappellent les positions tranchées assumées par Marrou-Davenson qui, à l’instar de Jacques Chailley et d’André Coeuroy, s’oppose souvent à celles de ses contemporains. Le volume s'achève par la mise à jour de la bibliographie musicographique d’Henri Marrou-Davenson.