Penser, composer et enseigner la musique mixte

ven 24 nov 2023
9h45-18h30
Organisateurs: Eric MAESTRI
Responsable:
Lieu: 

Bibliothèque nationale de France
Quai François Mauriac, 75706, Paris
Métro 14 Station Bibliothèque François Mitterrand
Métro 6 Station Quai de La Gare
Salle 70
 

Programme: 

Résumé
La musique mixte combine des instruments, des voix et des dispositifs électroniques. Apparue au XXe siècle comme un genre expérimental, cette musique caractérise la création contemporaine sous de nombreuses formes et est enseignée dans les conservatoires et les universités. Dans cette journée d’étude, des compositrices/compositeurs-enseignant.e.s-chercheur.e.s approfondiront les liens entre leur pensée musicale, la composition et la pédagogie des musiques mixtes, les mettant en perspective à la lumière de leur propre pratique.

Présentation
La musique mixte est à la fois un genre marginal, pratiqué dans les milieux de la musique contemporaine, et le plus répandu au monde (Lippe 2014). Si on prend conscience que la plupart des musiques d’aujourd’hui mixent des instruments acoustiques, des voix et des sons électroniques, la musique mixte est un inter-genre dont les caractéristiques traversent différentes pratiques musicales, situations, contextes et possèdent des fonctions variées (Tremblay 2012b). Il s’agit d’une pratique musicale qui est née dans les années 1930 — décennie durant laquelle plusieurs instruments électriques étaient présentés, comme les Ondes Martenot, le trautonium ou la guitare électrique — et a eu son premier essor dans les années 1950 en parallèle du rock (Pennycook 1993). Cette musique dépend des techniques d’enregistrement et de studio de production électronique. Les musiciens de l’avant-garde qui ont inventé la musique mixte étaient intéressés par la force de rupture de l’électronique et par son altérité radicale par rapport aux sons instrumentaux. Ils recherchaient une musique électroacoustique en direct, « live » (Ungeheuer 2013), une « musique qui associe l’exécution vivante et l’exécution enregistrée », comme l’affirmait Luciano Berio en présentant Differences pour ensemble et électronique en 1958. Personne parmi ces musiciens n’avait employé le terme « mixte ». L’appellation musique mixte arrive tardivement, promue par les institutions, en démontrant un retard non négligeable sur la réalité de la pratique musicale vivante. Ainsi, depuis les années 1990, elle est largement enseignée dans les conservatoires et les universités. Sa définition a évolué parmi les musicologues. Si en 1982, pour Michel Chion, la musique mixte est « une musique pour bande magnétique et instruments, voix, etc., joués en direct » (Chion 1982), en 2005 elle est « une musique de concert qui associe des instruments de musique d’origine acoustique et des sons d’origine électronique, ces derniers produits en temps réel ou fixés sur support électronique et projetés via des haut-parleurs au moment du concert. » (Tiffon 2005) La différence de définition souligne l’évolution de cette pratique musicale, due à l’avancement technologique et aux changements esthétiques du début du XXIe siècle — comme, par exemple, la fin de l’esprit des avant-gardes du XXe siècle et la diffusion massive et invasive des musiques populaires. La recherche musicologique inclut aujourd’hui des études génétiques sur les œuvres (Bonardi 2017), l’analyse de leur réception (Emmerson et Landy 2016) et l’étude de terrain (Féron et Boutard 2017). En revanche, peu d’études interrogent l’esthétique de la musique mixte et son langage. Dans cette journée d’étude, nous nous concentrerons autour de cet aspect spécifiquement. Les compositeurs et compositrices d’aujourd’hui connaissent à la fois l’électronique et l’écriture instrumentale, se posant la question du dialogue entre ces deux « dimensions » : bien que l’enseignement de la composition sépare encore l’apprentissage des écritures instrumentales et électroniques, nous allons lentement vers une convergence. La musique mixte permet de pratiquer cette transformation. Les étudiants emploient des modèles électroacoustiques pour approcher l’écriture instrumentale et vice-versa (voir, par exemple, la notion de « geste » en musique électronique ou la notion de « musique concrète » dans la musique instrumentale). Questionner la mixité musicale revient alors à interroger l’émergence des langages musicaux contemporains à partir des frictions entre la matière instrumentale et l’électronique. Dans la situation historique actuelle, caractérisée par une « forêt de la mixité » (Vande Gorne 1996), il est intéressant d’écouter les multiples formes des pratiques musicales pour saisir leur sens. L’espoir, de cette journée d’étude, est de percevoir à l’horizon le profil d’un langage contemporain faisant dialoguer la force d’évocation des sons électroniques et l’épaisseur autocritique de l’écriture instrumentale et multimédia (Emmerson 1986). En suivant cette hypothèse « systémique » (Tremblay 2012a), cette journée d’étude convie des compositrices-compositeurs chercheur.e.s et enseignant.e.s pour comprendre, à partir de leur pratique personnelle, l’articulation du lien existant entre les choix esthétiques et musicaux, les technologies et la pédagogie. Cela nous permettra de saisir la complexité de la « pensée mixte » actuelle (Dall’Ara-Majek 2016) et sera l’occasion pour réfléchir autour des expressions musicales d’aujourd’hui.

Participants : Ariadna Alsina Tarrés (HEM Genève), Jean-Marc Chouvel (Sorbonne Université), Simone Conforti (IRCAM-Centre Pompidou), Pierre Couprie (Université Évry Paris-Saclay), Pascale Criton (compositrice, Art & Fact), Marta Gentilucci (University of Cambridge), Tom Mays (Haute Ecole des Arts du Rhin - HEAR), Pierre Michaud (Université de Montréal), Pierre Alexandre Tremblay (University of Huddersfield)

 


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